Qui a peur
de l'IA ?
Créatifs, craignez et tremblez ! L'intelligence artificielle (IA) va bientôt prendre votre travail ! C'est du moins ce qui se dit sur la toile, alors qu’un outil de création graphique piloté par l'IA DALL-E 2 (actuellement en phase test) fait fureur. Les métiers créatifs sont-ils vraiment en train de disparaitre ? Nous avons posé la question au docteur !
Créatifs, craignez et tremblez ! L'intelligence artificielle (IA) va bientôt prendre votre travail ! C'est du moins ce qui se dit sur la toile, alors qu’un outil de création graphique piloté par l'IA DALL-E 2 (actuellement en phase test) fait fureur. Les métiers créatifs sont-ils vraiment en train de disparaitre ? Nous avons posé la question au docteur !
Connaissez-vous déjà DALL-E 2 ? Brièvement, il s'agit d'un logiciel capable d’interpréter une commande écrite en images. Vous choisissez n'importe quel style et, à partir de rien, l'application crée tout un tas de propositions sur le thème de votre commande. Photoréaliste, au crayon ou à la Van Gogh ? Tout est permis. Les résultats sont ahurissants, hilarants et souvent très bien foutus. Mais OpenAI dispose également d'un outil d'écriture créative, GPT-3. Celui-ci rédige des textes cohérents sur tous les sujets possibles.
Le bon berger
Bon, ça craint. Surtout pour les rédacteurs et créatifs d'une agence de marketing de contenu située du côté de Grand-Bigard, par exemple. Mais ces craintes sont-elles justifiées ? Le professeur Rob Heyman, responsable du Knowledge Center Data & Society, nuance : « L'IA va plutôt compléter que remplacer les métiers créatifs. C'est un outil auxiliaire qui peut prendre en charge les tâches fastidieuses. Après tout, aucune IA ne fait les choses de son propre chef ; sans une mission claire, rien n'en sortira. Le contrôle du résultat est également nécessaire. Il faut donc que quelqu'un s'en occupe - un bon berger de l'IA, en quelque sorte. Il est donc possible que le contenu du travail d'une personne change à cause de l'intelligence artificielle. »
D(IA)fférent et meilleur ?
Ces logiciels en auto-apprentissage vont donc changer notre façon de travailler. Ce n’est pas une surprise, mais la vitesse à laquelle cela se produit est assez dingue. Écrire, faire de la musique, chatter, monter des vidéos : pour chaque petite tâche aujourd'hui, il existe une application largement accessible qui peut la réaliser infiniment plus vite qu'un humain. Mais pouvez-vous encore pondre des créations si tout ce que vous avez à faire est de donner des ordres ?
Dr Heyman : « La vision créative reste importante. Un bon texte, par exemple, se distingue par l’angle adéquat, l'accroche qui va attirer les gens. L'IA ne peut pas faire ça. Elle se base sur des textes existants et en fait une sorte de décoction. Pour retravailler un communiqué de presse de Reuters, ça fonctionne, mais ça s'arrête là. En soi, cela peut être une mauvaise nouvelle pour les journalistes qui ne font plus que ça, mais cela offre aussi des opportunités. Ils pourront se concentrer à nouveau sur l'écriture de textes qui obligent à faire certains choix rédactionnels et à poser des questions. »
Overdose d’Internet
Aussi merveilleuses que puissent être les images de DALL-E 2, l'art ne se réinvente pas. De plus, il y a beaucoup de restrictions imposées par OpenAI maker : pas d'organes génitaux, pas de violence, pas de célébrités, etc. On s’ennuie quoi, surtout si l'on prend en compte de quoi est constitué notre art et son histoire. Pourquoi ce cadre est-il si strict ? Un logiciel en auto-apprentissage pourrait-il récupérer sans honte tout (et n’importe quoi) sur Internet ?
« C’est une très mauvaise idée », s'amuse le Dr Heyman. « En 2016, Microsoft a lâché sur Twitter un bot à intelligence artificielle appelé TayTweets. Il aura fallu moins de 24 heures pour que l'astucieux logiciel devienne un grossier nazi misogyne. Le résultat d'une exposition totale à des contenus non filtrés et la preuve qu’une modération est nécessaire. À son tour, un cadre strict garantit de bons résultats. Prenez la couverture des sports : c'est ce que l'IA sait faire de mieux ! Pourquoi ? Car les règles, les joueurs et le format sont connus d’avance. »
Stagiaires anglophones, prenez garde !
Ouf. La perspective d'une assistance digitale et rapide n'est donc pas si catastrophique. Nous respirons à nouveau, sans trop de bobos. N'est-ce pas Dr Heyman ? Hein ? « L'IA n’est pas complètement sans danger. Je prends l'outil d'écriture GPT-3 comme exemple. Avec lui, vous pouvez générer une masse de fake news et de théories du complot en un laps de temps très court. Après tout, il n'est pas nécessaire qu'ils soient parfaitement au point sur le plan rédactionnel et du contenu. L'œil critique du lecteur deviendra donc encore plus déterminant. »
« Un problème plus important, cependant, est que l'IA finira par prendre en charge toutes les tâches dites "faciles". Même celles-ci ont leur utilité, car elles enseignent aux gens les ficelles d'un métier. L'IA pourrait supprimer cette opportunité d'apprentissage. Heureusement pour les stagiaires néerlandophones, il n'y a pas encore de raison de s'inquiéter. Notre communauté linguistique est si petite que l'IA ne dispose pas de suffisamment de matériel de base pour s'en servir. Et sans un bon matériel de base, cette méthode d'écriture ne vaut rien ! »